jeudi 18 juillet 2013

Qualité - Principe n° 5 & 6 – La dette et le ratio dette / capital

Les deux dernières mesures de la qualité de l'administration se font en examinant la dette et... celle de la compétition.

L'examen de la dette est plein de subtilités qu'il est difficile de résumer ici. Je vais néanmoins faire de mon mieux et vous demanderai d’utiliser votre bon jugement qui est souvent contre-intuitif.

Généralement, les compagnies contractent une dette pour les aider à atteindre leur objectif. Certaines industries ont plus recours à l’endettement que d’autres. Par exemple, les banques ont environ 65 % de dettes alors que les industries pétrochimiques ont un ratio d’environ 10 %.

D’autre part, une jeune compagnie aura plus souvent des dettes que des compagnies établies depuis longtemps

Si souvent la dette va osciller légèrement au fil du temps, il faudra porter attention quand elle affiche un changement brusque et marqué. Une dette devrait, idéalement, diminuer avec le temps ou être nulle. Quand elle augmente, on doit se demander : pourquoi ?

Dette

Voici la dette d’Alimentation Couche-Tard. On se rend compte tout de suite que sa dette est toujours demeurée entre 500 millions et un milliard de dollars de 2003 à 2011. Puis, en 2012, la dette fait un bon de presque trois-milliards de dollars. Pourquoi ? Est-ce raisonnable ou est-ce une fuite des capitaux due à une mauvaise gestion ?

L’explication de la dette se trouve à la page trois de la présentation de Couche-Tard sur l’acquisition de Statoil Fuel & Retail, le géant scandinave des dépanneurs (boutiques de station-service) qui a plus de 2300 points de vente. L’achat a couté un peu moins de trois milliards de dollars...  (Voyez leur présentation au besoin.)

À ce point-ci, il demeure que vous devez juger de la pertinence de cet achat et de la justesse du prix payé. Je ne m’y connais pas en gestion des dépanneurs, mais puisque Statoil semble avoir un modèle d’affaire semblable à celui de Couche-Tard et que l’achat a été fait dans le but d’augmenter les revenus, l’achat me semble être logique, voire légitime.

Voici un autre exemple avec Honda, Ford et Tata (qui, entre autres, a racheté en 2008 la marque Jaguar de Ford qui l’avait lui-même acheté en 1990).
Évidemment, si on sait que Tata a le cinquième des ventes de Ford ou Honda (qui sont relativement comparable), le graphique prend soudainement une tout autre dimension. Honda a des revenus cinq fois supérieurs à Tata, mais a une dette seulement quatre fois plus grande. D’autre part, Ford et Honda étant équivalents en taille, la dette de Honda est la moitié de celle de Ford ou de la moyenne de l’industrie.

Donc, si ce n’était de la dette en hausse constante depuis 2003, Honda aurait un taux d’endettement idéal. Maintenant, à cause de la hausse de leur endettement et de la baisse de celle de Ford, je me demande si Ford ne sera pas en meilleure posture que Honda dans 5 ou 10 ans.


Ratio dette/capital

Maintenant, revenons à Couche-Tard. Quand on regarde le ratio dette/capital de Couche-Tard à celui de Kroger (géant américain qui se cache sous les bannières City Market, Dillons, Jay C, Food 4 Less, Fred Meyer, Fry’s et plusieurs autres) ou même à l’industrie en général, on se rend compte que la position de Couche-Tard est plutôt enviable.

On peut voir que, malgré sa récente dette record, Couche-Tard demeure moins endettée que la compétition. On peut aussi voir que depuis le krach boursier de 2007-2008, Couche-Tard a diminué sa dette alors que les autres l’ont légèrement augmentée. C’est son endettement très bas de 2010-2011 qui a permis Couche-Tard de convaincre les banquiers de délier les cordons de leur bourse et d’accorder un prêt pour leur permettre d’acheter Statoil. Donc après avoir acquis Statoil et augmenté le nombre de points de vente du tiers, Couche-Tard demeure moins endetté que sa compétition et en excellente position pour l’avenir.

Résumé

  • Toujours comparer la dette d’une compagnie à celle de sa compétition. Certaines industries ont besoin de plus de dettes que d’autres.
  • Une jeune/petite entreprise aura souvent une dette plus élevée jusqu’à ce qu’elle prenne son altitude de croisière. Une entreprise plus grosse/mature aura moins besoin d’emprunts pour financer ses activités.
  • Favoriser les entreprises stables ou dont la dette diminue sinon, chercher une bonne raison qui explique la hausse, particulièrement si la hausse est sévère. (Se rappeler ici la hausse constante depuis 2003 de Honda vis-à-vis la hausse-surprise de Couche-Tard.)

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